Des prix justes, pour les paysan·ne·s et les consommateur·trice·s en Suisse

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2 mai 2018

Payer le juste prix

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à la juste personne

De nos jours, en Suisse, la somme dépensée pour un litre de lait ne permet pas aux familles paysannes de prendre en charge tous les frais de production et encore moins les coûts cachés. Seulement un cinquième du prix rétribue le travail des producteur·trice·s, tandis que le reste finit dans les poches de la grande distribution. La souveraineté alimentaire peut assurer aux paysan·ne·s un revenu équitable et digne.

Des prix justes, pour les paysan·ne·s et les consommateur·trice·s en Suisse

Trop cher ! Beaucoup trop cher ! C’est cela qu’on entend toujours quand
on parle du prix des denrées alimentaires sur les étalages en Suisse. Mais est-ce vraiment le cas ? Et cette cherté qui semble si communément admise, à quoi est-elle due ?

En Suisse, les coûts et normes de production sont bien plus élevés qu’ailleurs. Prenons l’exemple du lait, produire un litre nécessite des installations et constructions plus coûteuses et des contrôles sanitaires plus fréquents et onéreux. Sans oublier des salaires plus élevés, les frais de vétérinaire, etc.
Selon le contrat passé avec son transformateur, le produecteur sait qu’environ 70 % de son lait seront écoulés sur le marché suisse, payé en moyenne 55 cts/litre. Que 20% rejoindront le marché européen, celui-ci payé environ 42 cts/litre. Et que finalement les 10 % restant sur le marché mondial seront payés environ 30 cts/litre. En résumé, il reçoit donc 50 cts pour 1 litre de lait. Alors que concrètement le litre de lait lui coûte 1 fr. à produire. Il survit donc grâce aux subventions de l’Etat et à des revenus annexes, ou, dans bien des cas, il cesse son activité.
Cependant, ce que personne ne paie, ce sont les coûts cachés. Ceux qui se reportent sur la santé, sur l’environnement et sur les générations futures. C’est-à-dire les coûts générés par les transports (émissions de CO2), le gaspillage des ressources (d’aliments, d’animaux), les impacts sociaux (chômage, précarité…).
— Au cours des trente dernières années, le prix à la production a reculé de 30% alors que le prix à la consommation a augmenté de 15%. Pour chaque franc dépensé au supermarché,
environ 20 centimes vont aux paysan·ne·s tandis que 80 centimes finissent dans les poches de la grande distribution et de l’industrie de la transformation, et paient les transports et la publicité, souvent inutiles. Le revenu agricole se maintient toujours à 35% en-dessous de la moyenne nationale.
— Si les prix de la nourriture paraissent élevés comparés aux pays voisins, le budget dépensé pour l’alimentation d’une personne vivant en Suisse est en réalité l’un des plus faibles au monde, entre 8 et 15%, calculé selon le revenu familial.
Aujourd’hui, ce « marché » détruit trois fermes et six places de travail par jour en Suisse et a entraîné la disparition de 150 000 places de travail et de 30 000 fermes au cours des trois dernières décennies ! Les suicides dans cette profession sont très nombreux (même s’il n’existe pas de chiffres officiels).
Dans un système transparent, où la souveraineté des personnes concernées l’emporterait sur le marché, les producteur·trice·s auraient leur mot à dire sur les quantités à produire comme sur les prix de vente. Grâce à des mécanismes spécifiques auxquels participeraient producteur·trice·s, transformateur·trice·s et (re)vendeur·euse·s, il deviendrait possible de déterminer des prix équitables et justes, par filière.

LEXIQUE

Coûts cachés: ceux qui se reportent sur la santé, sur l’environnement et sur les générations futures. C’est-àdire, coûts générés par les transports (émissions de CO2), le gaspillage des ressources (d’aliments, d’animaux), les impacts sociaux (chômage, précarité, etc.)


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