Pour une économie locale au Sud

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Publié le :

2 mai 2018

Une production de proximité

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pour des denrées alimentaires de qualité

Décentraliser les activités de transformation est la base de la souveraineté alimentaire. Cette relocalisation renforce l’économie locale et crée des emplois tant dans l’agriculture que dans la transformation. Elle valorise les produits sains,
de proximité et de saison et permet ainsi le maintien d’une agriculture paysanne durable.

Pour une économie locale au Sud

On a coutume de dire qu’il n’existe pas de politique agricole en Afrique. Il serait plus juste de dire que les interventions publiques, soutenues par la coopération internationale, ont concentré leur attention sur la production, la transformation et l’approvisionnement axés vers l’exportation ou sur les céréales de base, oubliant la promotion du «consommer local».

Avec la croissance démographique et la formation d’un marché intérieur, on aurait pu croire que la demande de produits locaux aurait augmenté en soutenant la production. Or, il faut se rendre à l’évidence, soutenir la production ou la transformation de produits locaux ne se traduit pas automatiquement par une augmentation de leur consommation. En particulier en ville où la demande est comblée par les produits importés. Pourquoi ne pas inverser la logique et agir plutôt sur le développement de la demande ?
Cultiver, produire et
manger au Togo
Au Togo, l’Organisation pour l’alimentation et le développement local, travaille justement en faveur du développement de la demande. Créée en 2003, cette association a pour objectif de promouvoir l’agriculture familiale durable et la souveraineté alimentaire par la valorisation des produits locaux. Plusieurs des activités mises en place sont innovantes et méritent de faire école dans la sous-région. À titre d’exemple, la BoBaR (Boutique-Bar et Restaurant), à Lomé, a pour but de promouvoir le « manger local » en milieu urbain et d’améliorer le pouvoir d’achat des paysannes et des paysans en commercialisant leurs produits.
Toutefois, le marché des produits locaux ne doit pas être une niche. Or, les investissements nécessaires pour proposer un produit fini peuvent en faire augmenter les coûts, et le destiner au final plus particulièrement à une clientèle ayant un pouvoir d’achat plus élevé. Face à cette difficulté, OADEL a mené des actions d’éducation des consommateurs et consommatrices pour les inciter à acheter les produits locaux de qualité, même s’ils sont parfois plus chers. Dans cette optique, le travail de sensibilisation se base sur le message que les produits locaux permettent de réinvestir dans l’économie locale, créant ainsi un cercle vertueux.
Mais la promotion des produits locaux doit aussi faire face à des difficultés en termes d’image. En Afrique de l’Ouest, les produits importés sont considérés comme de meilleure qualité. Ils sont vantés par la publicité qui survalorise un modèle de consommation paradoxalement inaccessible à la grande majorité des populations, tant urbaines que rurales. Les produits d’importation sont consommés par les classes aisées ou moyennes et par les étrangers qui servent de « modèle ». Un travail difficile de sensibilisation, de communication et de formation doit être réalisé pour dépasser ces « références » et permettre à la population de franchir un autre palier : avoir confiance dans la qualité des produits locaux.

LEXIQUE

Niche: une production de niche correspondant à la production d’un produit (ou un service) très spécifique, par opposition à la production de masse. P. ex., la production de semences biologiques est considérée par les grands semenciers comme une production de niche.

Sous-région, sous-régional : subdivision d’une région territoriale ; p.ex. la sous-région de l’Afrique de l’Ouest regroupe plusieurs pays.