Pour une économie locale en Suisse
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Publié le :
2 mai 2018
Notre alimentation :
La souveraineté alimentaire concerne l’entier de la chaîne de production agricole : du champ à l’assiette et de la fourche à la fourchette. En Suisse, l’agricul- ture contractuelle de proximité (ACP) dynamise l’économie locale en permet- tant la création d’emplois et la mise en valeur des produits du terroir. Elle garantit notamment la transparence tout au long de la chaîne de production et fait baisser les émissions de CO2 engendrées par le transport sur des longues distances.
au service de l’humain ou de l’économie ?
Pour une économie locale en Suisse
Une chaîne alimentaire relocalisée place l’humain au cœur de notre système économique. A l’inverse du néolibéralisme, qui met les mangeurs et mangeuses au service de l’économie.
Dans notre système actuel — l’économie de croissance — c’est le marché qui décide de tout sans vraiment se soucier ni de la santé, ni de l’environnement, ni même de la vie. Dans ce système, les prix sont fixés en fonction de la surproduction, de l’offre et de la demande, des valeurs en bourse ou d’autres paramètres déliés de la réalité, sans tenir compte de la véritable valeur des biens, ni de leurs coûts de production. Il s’agit de reprendre le marché en main et de donner à l’alimentation une valeur autre que purement monétaire.
Pour qu’un système alimentaire soit souverain, il doit concerner toutes les filières. Une filière est constituée de l’ensemble des ressources nécessaires à la production, la transformation et la distribution d’un certain aliment. La filière du lait, par exemple, recouvre l’entier de la chaîne, du pis de la vache à la brique dans le frigo. De nombreuses filières ont été affaiblies par le néolibéralisme de ces dernières décennies.
En Suisse — où le duopole Coop-Migros se partage 80 % du marché — de nombreuses initiatives tentent de répartir équitablement les revenus comme les risques, de réduire les transports et les intrants (pétrole, pesticides, engrais…), de rendre les prix transparents et de garantir des investissements locaux. Les ACP, les labels de commerce équitable, la vente à la ferme, ou les marchés urbains vont dans ce sens. Bien souvent, ces projets ont un effet boule de neige et créent une véritable dyna- mique locale autour d’une ou de plusieurs filières. Et remettent en marche des structures de transformation, de stockage et de commercialisation dans nos villes et nos villages.
Le pain local de TourneRêve
C’est le cas de l’Affaire TourneRêve, une association ACP d’une quinzaine de paysan·ne·s de la région genevoise qui cherche, à travers ses paniers, à faire redécouvrir et valoriser ses produits. Un sous-groupe a développé il y a quelques années une démarche de promotion de ses céréales pour des boulangers artisanaux. Un de ces membres, Thomas Descombes, témoigne :
«Notre histoire a commencé avec un moulin installé dans une roulotte afin d’être au sec et à l’abri des souris. Cette installation mobile nous a permis de participer à certaines actions au centre- ville. Très vite quelques boulangers ont manifesté leur intérêt pour collaborer et travailler nos produits. A travers des contrats de collaboration nous avons défini les valeurs que nous voulions défendre dans notre démarche : prix rémunérateur aux paysans, transparence de la filière, mise en valeur du travail du paysan et de la boulangerie artisanale. (…) Nous avons rencontré certaines difficultés, par exemple au niveau du service d’hygiène ou du feu. Les filières de transformation de petite échelle ne sont plus considérées dans le système industriel actuel. »
LEXIQUE
ACP — agriculture contractuelle de proximité : formule créée dans les années 2000 en Suisse, caractérise la relation établie entre des producteur·trice·s et des consommatrices. eurs vivant dans la même région (proximité) et concrétisée par un contrat qui engage les consommateur·trice·s à payer à l’avance les produits qui leur sont fournis.
CO2 : dioxyde de carbone ou gaz carbonique. Un des gaz
à effet de serre avec le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).
Intrants : en agriculture, on appelle « intrants » les différents produits apportés aux terres et aux cultures, qui ne proviennent ni de l’exploitation agricole, ni de sa proximité. Les intrants ne sont pas naturellement présents dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le rendement des cultures.
Néolibéralisme : le néolibéralisme se caractérise par une limitation du rôle de l’Etat en matière économique, sociale et juridique, par l’ouverture de nouveaux domaines d’activité à la loi du marché et par une vision de l’individu en tant que « capital humain », que celui-ci parviendra à développer et à faire fructifier s’il sait s’adapter, innover, etc.
Pesticides de synthèse : ensemble des produits chimiques employés contre les parasites animaux et végétaux des cultures (insecticides, herbicides, fongicides, etc.).