Sommaire et Introduction de la publication: « Les familles paysannes sèment l’avenir »

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Cultiver

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Publication

Publié le :

3 novembre 2016

La souveraineté alimentaire est au coeur de cette publication.
Il convient donc de rappeler ici les éléments fondamentaux
de cette notion lancée par l’organisation paysanne Via
Campesina en 1996. Elle implique d’abord une autodétermination
des peuples, des régions et des pays en matière de
politiques agricoles et alimentaires. Les collectivités doivent
être en mesure de définir les orientations déterminant ce
qu’elles mangent, ce qu’elles produisent et comment elles
le produisent, toutes choses impossibles sous le joug des
accords de libre-échange, de la privatisation du patrimoine
semencier, de la dépendance aux produits de l’industrie
chimique et génétique, etc.
La souveraineté alimentaire suppose par exemple que les
semences, l’eau et la terre sont un bien commun et qu’elles
ne sauraient être appropriées par des intérêts privés, ni
dilapidées par un productivisme à court terme. De même,
l’alimentation n’est pas un marché mais un droit universel.
L’agriculture familiale paysanne est la mieux à même de le
concrétiser, car elle laisse aux mains des populations – et
des paysan-ne-s – les ressources et les savoirs nécessaires
à leur alimentation. Elle doit au besoin être protégée par
les États contre des importations de dumping. La souveraineté
alimentaire touche donc à des questions essentielles
qui concernent la société dans son ensemble. Elle permet
d’aborder les enjeux liés à l’alimentation, à la préservation
de la biosphère et à l’agriculture de manière globale, par-delà
les barrières Nord-Sud. Pourtant, les luttes paysannes en
faveur de ce droit manquent encore de reconnaissance de
la part des ONG et des agences de coopération.
Entre la notion de souveraineté alimentaire et celle de sécurité
alimentaire existent des différences fondamentales : là où
la souveraineté alimentaire pose les droits des paysan-ne-s
et des peuples à l’autodétermination en matière agricole et
alimentaire, la sécurité alimentaire se borne à évoquer des
« politiques et méthodes participatives » ; la première
répudie l’idéologie du libre-échange au profit d’une
agriculture nourricière locale, tandis que la seconde
tente de ménager la chèvre et le chou en imaginant
un « système commercial mondial à la fois juste et
axé sur le marché ».
Cependant, pour critiquable qu’il soit, le concept de
sécurité alimentaire ne peut pas être évacué d’un
revers de main. « On a tendance à le réduire à peu
de choses, mais il ne faut pas oublier que la Déclaration de
Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, en 1996, incluait
le droit à une nourriture suffisante, saine et correspondant
aux habitudes culturelles, la durabilité des modes de
production et de consommation ainsi que le respect de
l’environnement », rappelle Christine Andela, présidente du
COSADER (Collectif d’ONG pour la sécurité alimentaire et de
développement rural), qui a participé à ce sommet dans la
délégation de La Via Campesina.