L’agriculture paysanne au secours du climat, en Suisse et au Sud

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Publié le :

2 mai 2018

L’agriculture paysanne


à la rescousse du climat

L’agroécologie est une approche complète de l’agriculture. Les activités humaines doivent s’intégrer aux écosystèmes et en respecter les règles. Par ses pratiques sociales, économiques et agricoles innovantes, l’agroécologie allie traditions et dépassement du modèle capitaliste. Elle réforme la société et répond à deux enjeux majeurs : éradiquer la faim et lutter contre le réchauffement climatique.

L’agriculture paysanne au secours du climat, en Suisse et au Sud

Bonne nouvelle, des solutions existent pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et inverser la tendance : la souveraineté alimentaire propose cinq étapes pour refroidir la planète et nourrir sa population.

Elles ne seront réalisables que si l’ensemble des acteurs du système alimentaire mondial — des paysan·ne·s aux consommateur·trice·s, en passant par les transformateurs et les distributeurs, sans oublier les politiques — sont prêts à accepter et à mettre en œuvre un changement de cap radical.
Nos politiques agricoles doivent redonner une priorité à l’agriculture paysanne qui, avec moins de 25 % des terres en sa possession, produit plus de 70% de la nourriture mondiale. Ces chiffres prouvent à eux seuls qu’elle est indéniablement plus efficiente que l’agriculture industrielle et son impact sur le climat bien moindre.
Ces changements passent par plusieurs étapes:
— Œuvrer activement à une répartition des terres en faveur de l’agriculture paysanne plutôt que de continuer à pousser à l’agrandissement des domaines agricoles.
— Au cours des 50 dernières années, quatre cultures principalement pratiquées sur des grands domaines ou plantations (soja, palmiers à huile, colza et canne à sucre) ont envahi une superficie de 140 millions d’hectares, quasiment l’équivalant de la totalité des terres agricoles en Inde.
— Faciliter l’accès à la terre et mener des politiques aidant à rétablir la fertilité des sols et à soutenir les marchés locaux. Ceci peut permettre de réduire de moitié les émissions de GES en quelques décennies.
— Les pratiques agricoles du XXe siècle ont conduit à la destruction de 30 à 75 % de la matière organique sur les terres arables, les pâturages et les prairies. Cette perte massive est responsable de 25 à 40 % de l’excédent actuel de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère. Heureusement, celui-ci peut être remis dans la terre grâce aux pratiques de l’agriculture paysanne.
— Encourager une agriculture biologique, des méthodes agroécologiques qui demandent plus de main-d’œuvre mais moins gourmandes en produits chimiques ou en carburants. Le sol doit être soigné, protégé et la biomasse régénérée, p.ex. par les rotations de cultures, en luttant contre l’érosion et la pollution et en choisissant des productions adaptées au terrain et aux conditions.
— Réduire le nombre de kilomètres parcourus par les denrées alimentaires permet d’éliminer une grande partie des émissions de GES du système alimentaire.
— Se concentrer sur ce qui fonctionne. Le passage d’un système alimentaire industriel mondialisé, soumis au pouvoir de grandes sociétés, à des systèmes alimentaires locaux aux mains de petit·e·s agriculteur·trice·s.
A l’échelle mondiale, l’agroécologie est un ensemble d’initiatives locales et de pratiques innovantes qui permettra d’atteindre la souveraineté alimentaire, de pallier le changement climatique et d’éradiquer la faim.

UNE AGRICULTURE LIÉE À NOS BESOINS
Martine Meldem, paysanne à Apples, explique : « Nous sommes la garantie d’une alimentation de qualité, grâce aussi à notre diversité de production : mon ami se convertit au bio, je pratique la vente directe, tu montes à l’alpage avec ton troupeau, il cultive la vigne, nous cueillons des fruits, vous produisez des légumes, nous sommes tous très forts ! Car l’essentiel est dans l’assiette. Et dans notre assiette, si l’on ne fait pas attention, on y met n’importe quoi ! Exemple : les céréaliers sélectionneurs s’inquiètent de produire des qualités de blé toujours plus chargées en gluten. Le caractère spécifique de ces variétés est nécessaire pour fabriquer des pâtes à pain industrielles ; grâce à la chimie ajoutée, elles n’ont plus besoin de temps ni pour lever, ni pour cuire. Mais la nature a ses raisons : un certain pourcentage de la population développe des allergies ou des intolérances. [..] La bonne solution, logique et respectueuse de la nature et des hommes, est de cultiver des céréales correspondant à l’énergie dont nous avons besoin, comme on l’a fait depuis toujours. Et comme on sait encore le faire dans nos fermes et chez certains artisans boulangers. » Pour La Via Campesina, la qualité de l’alimentation est au cœur de la notion de souveraineté alimentaire : « le droit à une alimentation suffisante, saine, respectueuse des cultures, pour l’ensemble des individus, des populations et des communautés. »

LEXIQUE

Agroécologie, agroécologique : terme qui peut désigner une discipline scientifique, un mouvement social ou un ensemble de pratiques agricoles. Ces trois facettes s’expriment en interaction les unes avec les autres avec des modalités qui diffèrent selon les aires géographiques.

Arable : une terre arable est une terre qui peut être labourée ou cultivée.

Biomasse : ensemble de la matière organique d’origine végétale ou animale.

Ecosystème : unité écologique de base formée par le milieu (biotope) et les organismes animaux, végétaux et bactériens qui y vivent. P.ex. la forêt est un écosystème.

Gaz à effet de serre (GES) : gaz qui absorbent une partie des rayons solaires en les redistribuant sous la forme de radiations au sein de l’atmosphère terrestre, phénomène appelé effet de serre. Pour la plupart, gaz émis par la combustion du pétrole, charbon, bois, mais aussi par la fermentation des matières organiques.


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