L’accès à la terre en Suisse

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2 mai 2018

À qui va la terre?

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A celles et 
ceux qui la cultivent

En Suisse, nos terres sont bétonnées plutôt que cultivées car nos infrastructures prennent toujours plus de place. La concurrence accrue pour l’usage des terres fait monter les prix des terrains. Ainsi, il devient de plus en plus difficile pour les familles paysannes, et en particulier pour les femmes et les jeunes, d’accéder à la terre pour nous nourrir.

L’accès à la terre en Suisse

Brisons le tabou de l’accès à la terre
et privilégions l’installation de celles et ceux qui la cultivent, plutôt que des spéculateurs et autres investisseurs des marchés agroalimentaires et fonciers.

L’accès à la terre est une problématique tant au Nord qu’au Sud. La Suisse est un petit pays où le sol est précieux. Pourtant, notre pays perd 1m2 de surface agricole par seconde, c’est l’équivalent du canton de Genève chaque douze ans. Et le droit foncier paysan actuel n’encourage pas la conservation des terres agricoles, pas plus qu’elle ne facilite la reprise des domaines. Nombre de jeunes sont même dans l’impossibilité d’accéder à la terre. Les causes sont multiples : spéculation, concurrence, précarité, raisons familiales, vide juridique, manque de confiance en soi, dévalorisation de ce secteur d’activité, etc.
Les paiements directs sont basés sur la taille de l’exploitation plutôt que sur le nombre de personnes actives, par exemple. Ainsi, la politique agricole pousse à l’agrandissement des domaines. Souvent, par crainte de voir leur propre situation se péjorer, nombre de paysans et paysannes tendent à accaparer terres et capital, à s’agrandir le plus possible, au détriment de celles et ceux qui souhaitent s’installer et au profit de la spéculation. Pourtant, il a été prouvé à maintes reprises que la taille de l’exploitation n’est pas le seul critère de succès.
L’accès à la terre est encore plus difficile pour les personnes qui ne sont pas issues du milieu agricole. Elles doivent payer le prix fort, jusqu’à six ou sept fois plus élevé que le prix du rendement.
Terre en vue, place
aux jeunes !
Comme les enfants de familles paysannes, des jeunes de plus en plus nombreux, issus de milieux urbains, se forment. Parmi ces derniers, en 2012, 18 % (70 personnes) souhaitaient reprendre une exploitation alors qu’ils n’avaient pas le moindre mètre carré de terre en propriété, ni même en location. Heureusement, il arrive que des paysan·ne·s choisissent de faire confiance et d’aider des jeunes qui souhaitent travailler sous forme collective. C’est le cas du Domaine de la Touvière, dans le canton de Genève, aujourd’hui exploité par un collectif d’une dizaine de personnes. Les activités ont été diversifiées : maraîchage, arboriculture, vignes, grandes cultures, apiculture, élevage de chèvres, poules et cochons, fabrication de fromage et de pain… tout en bio. Et ça marche !
Même si les jeunes reçoivent un bagage technique solide lors de leur formation, la commercialisation des produits, la négociation dans les filières et les modes de production « alternatifs » sont encore peu approfondis. L’innovation ne concerne pas uniquement la mécanisation ou la technologie : mettre en valeur des savoir-faire spécifique et des connaissances de la nature constitue aussi une démarche moderne et efficace. Mais cela aussi nécessite de la recherche davantage orientée vers les besoins spécifiques de la paysannerie dans le but d’augmenter à la fois la résilience et la fonctionnalité de nos écosystèmes agricoles.

LEXIQUE

Agroalimentaire industriel: ensemble des activités économiques liées à la transformation des denrées alimentaires en quantités importantes et fortement mécanisées. Par opposition à la transformation artisanale.

Ecosystème : unité écologique de base formée par le milieu (biotope) et les organismes animaux, végétaux et bactériens qui y vivent. P.ex. la forêt est un écosystème.

Mécaniser, mécanisation : introduction de moyens mécaniques qui remplacent le travail manuel, tels que tracteurs et machines associées (tractées), salles de traite et bacs de réfrigération pour conserver le lait avant la livraison, chambres froides pour les légumes, etc.

Paiements directs : les paiements directs rétribuent des prestations d’intérêt général devant être fournies par l’agriculture en vertu de l’art. 104 de la Constitution fédérale. Il s’agit, notamment, de l’entretien du paysage cultivé, de la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, de modes de production particulièrement en accord avec la nature, écocompatibles et respectueux de la vie animale.

Résilience : capacité d’un système à absorber une perturbation, à se réorganiser, et à continuer de fonctionner de la même manière qu’avant la survenance de cette perturbation.


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