Maintenir des sols vivants au sud
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Publié le :
2 mai 2018
Les sols sont en danger,
mais l’agroécologie les défend
Les pratiques agricoles intensives et le changement climatique appauvrissent les sols. Ainsi, au niveau mondial, un tiers des terres arables disparaissent actuellement en raison de l’érosion, de la perte de biodiversité, de la pollution et de la salinisation. Cette situation affecte plus de 3 milliards de personnes.
L’agroécologie permet de restaurer la vie dans le sol et de nourrir durablement les familles paysannes.
Maintenir des sols vivants au sud
En Afrique, la pression démographique et des pratiques culturales peu adaptées, combinées à une déforestation accrue et une charge de bétail de plus en plus élevée, ont rendu aujourd’hui de nombreuses terres impropres à la culture et très vulnérables à l’érosion.
De nombreuses initiatives existent, et se développent de plus en plus, pour valoriser des savoir-faire agricoles anciens et respectueux de l’environnement. Par exemple, pour restaurer les sols endommagés par les humains tout en produisant de la nourriture, DM-échange et mission (en Afrique de l’Ouest), Food for the Hungry (en Afrique des Grands Lacs) et Paysans solidaires (au Burkina Faso) accompagnent les paysan·ne·s dans la redécouverte de savoirs locaux durables ou la promotion de nouvelles techniques agroécologiques. Le duo zaï et paillage, le « push-pull » et le bocage font partie de ces techniques revalorisées ou nouvelles qui permettent au sol de se régénérer tout en étant cultivé.
Zaï et paillage, un duo gagnant
Pour qu’un sol reste vivant, il faut que ses « habitants », les racines des plantes et les micro-organismes bénéficient de bonnes conditions de vie. Ces conditions sont réunies grâce à deux méthodes: le zaï ,d’une part, qui est un système traditionnel de préparation du sol qui consiste à creuser manuellement des cuvettes dans le sol pour y concentrer l’eau de pluie et déposer de la matière organique (compost ou fumier) avant de semer. Le paillage, d’autre part, renforce le zaï, il favorise la vie des champignons et bactéries qui vont aider la plante à se nourrir, permet de conserver l’eau pour la rendre petit à petit à la plante et finalement se transforme en humus. Cette technique est promue par DM-échange et mission et son organisation partenaire, le Secaar, en Afrique francophone.
« push-pull », un insecticide naturel
Le « push-pull » pour la souveraineté alimentaire est promu par Food for the Hungry. Le maïs, une des cultures principale d’Afrique, subit fréquemment des baisses de rendement suite aux attaques de chenilles. Le « push-pull », aussi appelé « répulsion-attraction », est une pratique agroécologique de lutte contre les ravageurs. Cette méthode consiste à combiner les cultures de sorte à repousser les insectes ravageurs en les attirant vers des cultures pièges à la lisière des champs. Sans produits chimiques coûteux et néfastes pour la santé et les sols, le maïs est protégé et son rendement augmenté. De plus, la fertilité du sol augmente et l’agriculteur·trice bénéficie aussi d’herbe pour alimenter son bétail grâce aux plantes fourragères.
Un périmètre bocager pour restaurer des étendues de terres dégradées
La technique du bocage permet en quelques années de reverdir des zones dénudées et de reconstituer progressivement les sols qui peuvent ainsi être mis en culture, par les effets combinés de mécanismes de récupération de l’eau et de plantation d’arbres et d’arbustes sous la forme de haies-vives et de brise-vent. Paysans solidaires travaille avec cette technique au nord du Burkina Faso avec un projet de périmètre bocager. La mise en place d’une ferme pilote vise à diffuser ces techniques respectueuses de l’environnement et favorables pour les paysan·ne·s.
LEXIQUE
Agroécologie, agroécologique : terme qui peut désigner une discipline scientifique, un mouvement social ou un ensemble de pratiques agricoles. Ces trois facettes s’expriment en interaction les unes avec les autres avec des modalités qui diffèrent selon les aires géographiques.
Arable : une terre arable est une terre qui peut être labourée ou cultivée.
Biodiversité : diversité du monde vivant à tous les niveaux (diversité biologique) : diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d’une même espèce.
Humus: couche supérieure du sol créée, entretenue et modifiée par la décomposition de la matière organique, principalement par l’action combinée des animaux, des bactéries et des champignons du sol. L’humus est une matière souple et aérée, qui absorbe et retient bien l’eau.
Micro-organismes : organismes microscopiques, invisibles à l’œil nu, de nature animale (bactéries, microbes, etc.) ou végétale (champignons, algues, etc.). Ceux qui vivent dans le sol vivent en symbiose avec les plantes pour lesquelles ils préparent les nutriments absorbés par les racines.
Ravageurs, ravager: animaux, champignons, bactéries et virus qui détruisent les cultures.