Production locale de semences paysannes en Suisse

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Publié le :

2 mai 2018

Le génie génial

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des semences paysannes

Depuis des millénaires, les paysan·ne·s ont sélectionné et multiplié les semences adaptées à leur milieu, les ont améliorées, échangées, données, vendues. Aujourd’hui, trois entreprises multinationales contrôlent 60 % des semences commercialisées dans le monde. Dans bien des pays, les paysan·ne·s n’ont plus le droit de reproduire ni d’échanger leurs semences. La loi du marché menace notre alimentation.

Production locale de semences
paysannes en Suisse

Les semences sont la source de la vie. Or, depuis un demi-siècle nous assistons à un appauvrissement dramatique de l’agro-diversité. Les variétés de semences cultivées dans le monde sont extrêmement restreintes.

La plupart des paysans et paysannes achètent des semences hybrides et/ou certifiées, produites par des semenciers de l’agro-industrie. Les graines issues de ces cultures ne peuvent pas être ressemées. Trois groupes industriels contrôlent 60 % du marché mondial des semences commercialisées et cinq entreprises dominent 95% du marché européen des semences de légumes. Seules 0.3% de ces semences sont biologiques. Certaines variétés hybrides sont vantées par les grands semenciers et cultivées aux quatre coins de la planète. Or, cette pratique peut se révéler extrêmement périlleuse. Premièrement, l’emploi de ces variétés implique l’utilisation de produits nocifs tels que fongicides, herbicides et insecticides, vendus par les mêmes groupes, adaptés à leurs semences et nécessaires à leur développement. Ensuite, il peut arriver que les variétés deviennent résistantes à tous ces produits et qu’une maladie finisse quand même par ravager des pans entiers de la production.
La conservation, la multiplication et l’échange de semences paysannes est une pratique ancestrale qui garantit la biodiversité. Ce droit inaliénable est menacé par les accords commerciaux qui protègent les intérêts des firmes semencières au détriment du monde paysan. Celui-ci a perdu son autonomie et son savoir-faire en matière de semences et de plants, au profit d’un secteur marchand spécialisé. L’utilisation des semences paysannes devient de plus en plus difficile, les réglementations obligeant
les petit·e·s semencier·ère·s à certifier leurs productions, ce qui coûte très cher. La recherche et le développement pour le déploiement de ces variétés sont également très onéreux. L’Etat s’en désengage au profit de la recherche privée qui ne s’intéresse pas à la production de semences dite de niche, car non rentable.
C’est pourquoi, des réseaux de semences paysannes se sont mis en place pour garantir ce droit. La recherche, l’amélioration et le développement de semences sont souvent mis en œuvre par les paysannes et paysans eux-mêmes. Cette pratique augmente la diversité des espèces, garantit des plantes résistantes aux maladies, adaptées aux sols, aux micro-climats locaux, aux systèmes agraires ainsi qu’aux besoins alimentaires ou culturels. Par une utilisation optimale et spontanée des possibilités du milieu environnant, les modes de cultures de ces variétés paysannes préservent également les ressources naturelles. Ce procédé paysan assure des récoltes et donc des revenus. Elle autonomise la paysannerie et la libère de sa dépendance vis-à-vis de l’agro-industrie. Enfin, aucune forme de génie génétique n’est pratiquée.
Dans le secteur de l’agriculture biologique, le marché est encore trop limité pour les multinationales. Elles laissent donc volontiers la place aux entreprises locales pour développer des variétés adaptées aux conditions locales.

LEXIQUE

Agro-diversité : comme la biodiversité, l’agrodiversité recouvre l’ensemble des plantes cultivées et des animaux d’élevage, de variétés et de races différentes, ainsi que l’ensemble des paysages agricoles produits par l’humain.

Agro-industrie : ensemble des industries en rapport avec l’agriculture, comprend tant les entreprises qui fournissent engrais, pesticides et machines, que la production sous forme de monocultures intensives et l’agroalimentaire.

Biodiversité : diversité du monde vivant à tous les niveaux (diversité biologique) : diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d’une même espèce.

Génie génétique: méthodes d’investigation et d’expérimentation sur les gènes.

Hybride: en botanique, croisement entre deux variétés différentes dont on veut valoriser certaines caractéristiques ; si l’on sème les graines issues de plantes hybrides, elles ne reproduiront pas la plante hybride elle-même, mais chacune des deux variétés utilisées pour le croisement.

Niche: une production de niche correspondant à la production d’un produit (ou un service) très spécifique, par opposition à la production de masse. P. ex., la production de semences biologiques est considérée par les grands semenciers comme une production de niche.

Multinationale: entreprise qui a des activités ou est implantée dans plusieurs pays.

Ravageurs, ravager: animaux, champignons, bactéries et virus qui détruisent les cultures.


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